Ah, la sublime aspiration de vouloir devenir khalife devant le kalife ! Quelle noble quête que celle de convoiter le trône sous le nez même de celui qui le détient. C'est un peu comme vouloir jouer le rôle principal dans une pièce de théâtre alors que l'on est encore à souffler les répliques dans les coulisses. Mais, allons-y, n'est-ce pas là le rêve de tout ambitieux qui se respecte ? Imaginons donc notre aspirant khalife, l'œil brillant d'un éclat presque comique, tel un chaton qui fixerait une boule de laine, persuadé qu’il est de sa légitimité à régner sur le monde, ou du moins, sur ce petit bout de royaume qui semble lui échapper.
Et pourquoi pas, après tout ? Peut-être qu’en se pavanant avec la grâce d'un paon en plein milieu de la cour, notre candidat au pouvoir pourrait convaincre les sujets que c’est lui, et non le kalife actuel, qui est la véritable incarnation de la sagesse et de la grandeur. Quelle audace ! Quelle prouesse que de se dresser ainsi, face au vent, proclamant haut et fort que l'on est prêt à prendre les rênes, alors même que l'on peine à diriger sa propre barque.
Oh, mais attendez, ne serait-ce pas là le doux parfum de l'ironie qui flotte dans l'air ? Car, en vérité, qui pourrait sérieusement envisager de détrôner le kalife sans s'attirer les foudres de l'ensemble du palais ? C'est un peu comme vouloir cueillir la lune avec une simple échelle : une entreprise aussi hilarante qu'improbable. Mais ne brisons pas les rêves de notre vaillant prétendant, laissons-le donc tisser ses illusions de grandeur, après tout, qui ne s'est jamais amusé à construire des châteaux en Espagne ?
En somme, vouloir devenir khalife devant le kalife, c'est un peu comme souhaiter voler la vedette à l'astre du jour en allumant une bougie en plein midi. C’est une ambition qui, si elle n’est pas teintée d’une certaine dérision, pourrait presque être touchante dans sa naïveté. Alors, levons notre coupe à la santé de notre héroïque rêveur, et souhaitons-lui bonne chance dans sa quête, car il en aura grandement besoin !